Les chiffres ne mentent pas : la réalité d’un accès limité aux technologies pour les femmes

par | Mar 31, 2023 | All, Contribution de la femme dans la numérisation | 0 commentaires

La lutte pour les droits des femmes a été longue et ardue, marquée par des avancées et des reculs significatifs. Le droit de vote des femmes, obtenu par le mouvement des suffragettes, a constitué une étape majeure de cette lutte. Toutefois, malgré ces réalisations, l’inégalité entre les sexes persiste sous diverses formes, allant de l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes à l’accès limité aux technologies. Cet article met en lumière des données et des informations statistiques qui révèlent à quel point l’accès des femmes à la technologie est encore limité.

Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), 2,7 milliards de personnes ne disposent toujours pas d’une connexion internet fiable, et les femmes sont touchées de manière disproportionnée. La fracture numérique est un terme utilisé pour décrire le fossé entre ceux qui ont accès à la technologie et ceux qui n’y ont pas accès. Malheureusement, cette fracture touche de manière disproportionnée les femmes, en particulier celles qui vivent dans des communautés à faibles revenus. Cela signifie que de nombreuses femmes n’ont pas accès aux mêmes ressources et opportunités que leurs homologues masculins. Au niveau mondial, plus de 58 % des hommes ont accès à l’internet, contre moins de 48 % des femmes. De nombreuses femmes, y compris en Europe et en Amérique du Nord, ne peuvent accéder aux services parce qu’ils sont soit coûteux, soit très limités dans les zones rurales ou mal desservies. La différence est encore plus marquée dans les pays en développement. En Afrique, par exemple, seules 34 % des femmes ont accès à l’internet, contre 45 % des hommes. La disparité est encore plus grande dans le monde arabe, où 75 % des hommes disposent d’une connexion internet fiable et seulement 65 % des femmes. Selon les données de l’UIT, seules 19 % des femmes des pays les moins avancés ont utilisé Internet en 2020, contre 86 % dans les pays développés en 2019.

En outre, malgré le fait que le commerce en ligne et l’argent mobile continuent de se développer, plus de 900 millions de femmes sont toujours exclues de l’économie numérique et n’ont pas accès aux services bancaires. Pour combler le fossé numérique entre les hommes et les femmes, il faut non seulement investir dans les infrastructures, mais aussi rendre les technologies numériques plus abordables, car le coût reste l’un des principaux obstacles à l’accès des femmes à l’internet. Dans certains ménages à faible revenu, l’accès à Internet implique de sacrifier des achats essentiels pour le ménage, tels que l’alimentation, les soins de santé et l’habillement (OCDE, 2018b). Au cours des dix dernières années, l’exclusion des femmes de la sphère numérique a réduit le PIB des pays à revenu faible et intermédiaire de 1 000 milliards de dollars. Selon ONU Femmes, cela limite non seulement leur propre autonomisation numérique, mais aussi le potentiel de transformation de la technologie dans son ensemble.

Si l’on prend l’exemple de certains pays, comme l’Argentine et l’Afrique du Sud, le gouvernement utilise les fonds du service universel pour soutenir l’accès des femmes et des filles aux TIC ; le Canada a inclus dans son budget 2017 un nouveau programme d’accès abordable qui collabore avec les fournisseurs de services pour proposer des forfaits Internet à domicile abordables aux familles à faible revenu qui sont intéressées (OCDE, 2018b).

Il est bien connu que la technologie a la capacité d’améliorer l’accès des femmes aux soins de santé, à l’éducation et aux perspectives économiques. Par exemple, les initiatives de santé mobile ont la capacité de fournir aux femmes des régions isolées des services de santé qui ne leur sont peut-être pas facilement accessibles.

De même, les plateformes éducatives en ligne existantes peuvent permettre aux femmes d’accéder à l’éducation et à la formation professionnelle, ce qui peut contribuer à leur développement professionnel, mais malgré leur disponibilité, l’écart entre les hommes et les femmes dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM) persiste. Cela est dû à plusieurs facteurs tels que le manque de financement pour déployer ces solutions à l’échelle mondiale, le manque d’infrastructure internet et d’autres encore. Même dans les pays développés, le pourcentage de femmes dans la main-d’œuvre des STEM reste très faible, avec seulement 28 %. Bien qu’il y ait d’autres facteurs contributifs tels que la discrimination sur le lieu de travail, ce chiffre reste frappant. Cela conduit à une nouvelle série de problèmes, tels que le développement technologique biaisé. Par exemple, la technologie de reconnaissance faciale s’est avérée moins précise pour identifier les femmes que les hommes, ce qui peut avoir des conséquences sur la sécurité des femmes. Ce n’est là qu’un exemple de la manière dont la technologie peut entretenir des préjugés sexistes préexistants et renforcer les disparités entre les sexes si la question fondamentale de l’égalité d’accès à la technologie n’est pas abordée.

L’éducation joue un rôle crucial dans la promotion de la participation des femmes à l’industrie technologique. Pour surmonter les obstacles existants qui créent une fracture numérique entre les hommes et les femmes, il est essentiel d’élaborer des programmes éducatifs et des solutions edtech innovants et personnalisés qui répondent aux besoins spécifiques des femmes et des jeunes filles dans le monde entier. Cela nécessite un financement constant et un engagement mondial pour mettre en œuvre ces changements. Ces changements peuvent doter les femmes des compétences et des connaissances nécessaires pour réussir dans l’industrie technologique, combler le fossé numérique et faire progresser leur carrière.

En conclusion, la technologie a le potentiel d’être un outil puissant pour faire progresser les droits des femmes, mais ce n’est pas une solution miracle. Nous devons travailler ensemble pour résoudre les problèmes systémiques sous-jacents qui perpétuent l’inégalité entre les hommes et les femmes, et veiller à ce que chacun, quel que soit son sexe, ait un accès égal aux avantages de la technologie. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons réellement atteindre l’égalité des sexes et créer une société plus juste et plus équitable pour tous.

Références : Mesures égales 2030. OCDE. UIT. Association américaine des femmes diplômées des universités. ONU Femmes

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