La danse périnatale : une alliée inattendue pour la santé mentale des mères
En Europe, une mère sur cinq souffre de dépression post-partum.[1] Les suicides sont la première cause de décès maternels pendant la première année suivant l’accouchement. Pendant la grossesse, les chiffres sont tout aussi alarmants: une femme enceinte sur six souffre d’anxieté sévère.[2]
La fragilité psychique liée à la période périnatale est un fait à la fois au plan individuel et collectif. Les conséquences à court-terme d’une mauvaise prise en charge de ces fragilités ont des répercussions sur la société dans son ensemble. Pour les femmes d’abord : l’isolement maternel, la perte de confiance au travail, le poids de la charge mentale sont des facteurs indéniables d’accroissement des inégalités hommes-femmes. Pour les bébés ensuite: stress et symptômes dépressifs durant la grossesse et les 1000 premiers jours de vie pouvant entraîner des troubles du développement physique, neurologique et émotionnel.[3] Finalement, c’est l’ensemble des citoyens qui en paie le prix, tant sur le plan financier (augmentation des dépenses de santé publique, des arrêts de travail, voire des incapacités de longue durée, et des prises en charge psychiatriques) que sur le plan humain (justice sociale, troubles psychiques, etc).
En somme, il est grand temps de faire de la santé mentale des futures et jeunes mamans un enjeu urgent et prioritaire de santé publique.
Alors, par où commencer ?
- Par un accompagnement humain holistique, de qualité, de proximité.
- On écoute, avec douceur, empathie, non-jugement.
- On crée des espaces d’expression, de détente, de repos, et de lâcher-prise.
- On répète « Vous n’êtes pas seules ».
- On valorise, on célèbre, on félicite.
- On cultive un esprit d’émerveillement pour prendre du recul sur son quotidien, et trouver de la joie dans cette métamorphose si déstabilisante mais si belle.
Si les professionnels de la périnatalité font de leur mieux pour agir dans ce sens, ils rencontrent de nombreux freins: manque de temps, pression institutionnelle, formation limitée à l’écoute et à la santé mentale, ainsi que des contraintes économiques et juridiques.
Pour répondre à ces enjeux, une approche originale émerge qui consiste en un accompagnement à la fois corporel, émotionnel et relationnel: la danse périnatale.

Oui, danser enceinte et danser avec son bébé pendant son post-partum c’est soulager les maux physiques, réduire la fatigue, renforcer son endurance, ses muscles, adopter une bonne posture, améliorer la circulation sanguine, la respiration, et préparer ou rééduquer son périnée.[4]
Au-delà des avantages physiques, la danse offre de nombreux bienfaits psychiques. Si elle se déroule dans un cadre approprié bienveillant et sécurisé – sous la supervision de professionnels formés – elle permet d’exprimer ses émotions, de mettre des gestes, des symboles sur son vécu. Ainsi, la maman peut légitimer ses ressentis, les accueillir et donc mieux les vivre. Lorsque la danse périnatale est vécue dans une démarche art-thérapeutique, elle devient une pratique artistique qui stimule la créativité et ainsi l’élan vital et la connaissance de soi.
Enfin, danser permet de créer du lien. Lien à soi, sa féminité, ses capacités, sa nouvelle identité de femme-mère. Lien d’attachement à son bébé, par le bercement, le mouvement, et le partage d’émotions positives (« On ne naît pas mère, on le devient! »[5]). Le lien à d’autres femmes qui nous comprennent et nous soutiennent par la puissance de la sororité. Et comme le lien c’est la vie, danser rend plus vivante !
Danser avant ou après avoir enfanté ouvre une perspective unique et efficace pour cultiver son bien-être, prendre soin, et parfois même guérir.
Les témoignages sont sans équivoque: “Je me sentais tendue, stressée, et grâce aux mouvements proposés, je me sens plus fluide, apaisée. Surtout, j’ai de la joie, beaucoup de joie !”. Et quand maman va, tout va ![6]
La neurobiologiste Lucy Vincent dans son livre Faites danser votre cerveau (2018), explique scientifiquement les nombreux effets de la danse sur l’équilibre émotionnel et psychique. Selon ses études, la danse est bien plus qu’une activité physique: elle est une pratique riche, complexe, qui agit sur le cerveau, le bien‑être , les émotions et la santé mentale.[7] Elle conclut son ouvrage avec cette affirmation “Si vous vous mettiez à danser, rien qu’un peu, vous changeriez la société.”

Depuis que j’anime des ateliers collectifs de danse-thérapie périnatale, je vois bien que ce n’est pas juste une parenthèse bien-être dans un quotidien exigeant. C’est une proposition pour appréhender sa maternité autrement: les sentiments de culpabilité, d’angoisse, et d’isolement sont remplacés par du courage, de la conscience, et (peut être le plus important pour toutes les mamans) une confiance en soi renouvelée.
Vous travaillez dans le secteur de la périnatalité, la petite enfance, l’accompagnement parental, ou l’émancipation des femmes ? Partagez cet article à votre réseau et diffusons ensemble les bienfaits de la danse périnatale.
Vous êtes enceinte, jeune maman, ou vous en connaissez dans votre entourage ? Venez essayer un atelier, c’est toutes les semaines à Bruxelles ! Sur inscription : https://tally.so/r/wAXjPB
Flora Demaegdt
Art-danse thérapeute (femmes, mamans, ados)
+32471723017
Mes propositions : https://urlr.me/GZFcrz
[1] « Le baby blues et la dépression post‑partum », 1000 premiers jours, site officiel, publié le 24 septembre 2024, consulté le [date de ta consultation], https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/le-baby-blues-et-la-depression-post-partum
[2] Juliette S., « Anxiété durant la grossesse : des séquelles pour le cerveau du fœtus », Anxiété.fr, 17 mars 2020, consulté le [date de ta consultation], https://www.anxiete.fr/anxiete-grossesse-cerveau-foetus/.
[3] Catherine Verney and Tania Vitalis, “Les stress pendant les 1 000 premiers jours de la vie quand tout commence,” Médecine/Sciences 39, no. 10 (2023): 744–753, https://doi.org/10.1051/medsci/2023124
[4] « La méthode MamDanse® », Danse Prénatale, MamDanse, https://danse-prenatale.com/methode-mamdanse/.
[5] Françoise Dolto
[6] « Fabuleuses au foyer », Hélène Bonhomme, https://fabuleusesaufoyer.com
[7] Lucy Vincent, Faites danser votre cerveau (Paris: Éditions Odile Jacob, 2018).
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Flora Demaegdt
Art-Danse thérapeute



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